Thursday, April 29, 2010

Nouveau roman d'Eugène Ternovsky

Rencontre dans la bruine, par Eugène Ternovsky
Editions du Pierregord. 184 p., 18 euros.


On est bien loin du « Trompe-l’oeuvre » qui nous plongeait dans une Russie médiévale, loin aussi du polard « Le double de Dimitri van der D… ». C’est l’émigration et l’immigration qui est traitée d’une façon très concrète dans le premier quart du livre. La suite du récit se déroule dans une bruine toute sentimentale, c’est une vraie rencontre avec un jeune homme sans soucis dans sa vie parisienne moderne que vient déranger une suite d’évènements et de situations bousculant une à une ses certitudes existentielles. Projeté ainsi dans la recherche de la vérité quant à ses origines.
Sans sensibleries, l’auteur sait nous transmettre les états d’âme, les angoisses et les hésitations de Nicolas, enfant de parents russes venus en France puis repartis en Urss d’où il reviendra en France, seul avec sa tante.
Nous voguons sur un texte délicat et restons, jusqu’à la fin de l’histoire, entre fiction et réalisme, sans lassitude ni agacement. Comme à son habitude, Eugène Ternovsky construit savamment la route débuchant sur le dénouement du mystère.
Juste une bribe « remarquable » du texte, démontrant la dextérité du narrateur, nous permettant même, d’exciter nos papilles !
« Après avoir sorti de son cabinet flamand une bouteille et deux verres, elle les posa devant mon rocking-chair sur un guéridon tordu, à coté d’une assiette ébréchée, à la propreté douteuse, qui contenait quelques amuse-gueule, sortes de petites crêpes fourrées. Elles avaient perdu leur saveur provençale, je crois, l’année même de mon arrivée en France et ressem-blaient désormais à des galets crottés. Madame y ajouta une tablette de chocolat, cassée en morceaux. Très peu regardante pour ce qui est de l’hygiène, elle essuya les verres, usant du retroussis de sa belle robe de chambre. Le whisky, vraie rinçure imbuvable n’était que puanteur. » (page 93).

Bonne lecture à tous et merci à l’auteur de nous offrir d’aussi belles romances.

Marie- Claude Thébaud

Labels: ,