Thursday, February 24, 2011

Une banale histoire, selon Marc Dugain d'après Tchekhov, au théâtre de l'Atelier

Tchekhov est demandé mais on n’a pas de nouvelle pièce de lui et pour cause. Cependant, il y a des gens qui savent écrire en français, Marc Dugain, par exemple, qui est aussi metteur en scène. Il a adapté Une banale histoire d’après une traduction un peu vétuste de la nouvelle de Tchekhov, Скучная история, l’une des meilleures proses de l’écrivain.
Nous saluons le courage de l’adaptateur, car si Tchekhov avait ressenti le potentiel scénique de sa nouvelle, il aurait sûrement écrit la pièce lui-même. Le destin en a voulu autrement.
La pièce de Marc Dugain dure une heure et demie. Le rôle principal du professeur de médecine revient à un acteur remarquable, Jean-Pierre Darroussin.
Le spectacle commence avec toute la panoplie du kitch tchekhovien : le professeur Nicolaï Stepanovitch – genre grogneur napoléonien cher aux Français – qui n’a plus longtemps à vivre ; sa femme, Gabrielle Forest, qui lui scie doucement et respectueusement le dos, car il faut bien arranger l’avenir de leur fille, qui voudrait épouser un jeune homme un peu louche mais sympa. Dieu merci – il y a du piment et un moteur dans le sujet, une jeune et charmante Katia, Alice Carel, fille d’un ami défunt du professeur et sous la tutelle de ce dernier, qui, on le devine, serait une deuxième épouse toute trouvée si la première disparaissait. Reste à Katia — comédienne ratée mais lucide — le rôle de gentille rivale… Il est normal, d’ailleurs, qu’une adaptation parisienne soit plus douce que la nouvelle russe.
L’action de la pièce tient grâce au savoir faire de Daroussin, à sa généreuse capacité de compenser le métier qui fait parfois -défaut à ses collègues. Heureusement, on peut noter une certaine réussite, notamment dans la mise en scène modeste et économique, très réfléchie, au style quasi shakespearien ou dans le pied de nez final, quand Nicolaï Stepanovitch, ayant prononcé un adieu au monde plein de rancoeur, s’allonge, moribond, sur un lit d’hôtel et au lieu de mourir, se met bruyamment à… ronfler ! Volonté de Marc Dugain de nous laisser repartir plutôt amusés que tiraillés par des réflexions métaphysiques. Une trouvaille, certes, quoiqu’elle aurait été plus à sa place si la pièce évoquait l’activité de l’Assemblée Nationale et non la vie de la société russe au tournant du 19 siècle, à la veille du coup d’état bolchevique.

Avec, également, Michel Bompoil et Adrien Bretet.



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